Pendant des siècles, notre société occidentale a séparé la spiritualité de la vie laïque, créant une distance perçue entre l’humain et le divin. Associée à des rituels formels et à des lieux sacrés, la spiritualité nécessitait souvent des intermédiaires comme les prêtres ou les églises pour se connecter au divin. Aujourd’hui encore, notre société a tendance à placer le divin à l’extérieur de nous-mêmes. Les récits, fantasmes et illusions entourant la spiritualité la rendent parfois inaccessible ou perçue de manière très mentale.

Cependant, nous sommes aujourd’hui collectivement invités à retrouver le sacré à l’intérieur de nous-mêmes, dans l’ici et maintenant, et à reconnaître la présence du sacré dans les moments les plus simples et les actes les plus anodins. Dans cet article, je vous partage ma vision de la spiritualité incarnée.

Comprendre la spiritualité incarnée

La spiritualité incarnée est l’art de vivre sa spiritualité de manière tangible, dans le quotidien. C’est un engagement à être pleinement présent, à incarner nos valeurs spirituelles dans chaque geste, chaque parole, et chaque interaction. Contrairement à une spiritualité purement contemplative, la spiritualité incarnée nous pousse à agir, à être et à créer à partir de notre essence profonde.

La spiritualité au quotidien

Quand on chemine à l’intérieur de soi, on peut avoir tendance à se déconnecter du monde matériel (tâches quotidiennes, administratives, s’occuper de sa famille et de sa maison). On peut croire qu’il y a une séparation entre certains moments plus sacrés, spirituels et connectés, et d’autres moments plus banals déconnectés du divin, qui auraient moins de valeur spirituelle.

L’invitation de la spiritualité incarnée est de pouvoir reconnaître chaque instant, chaque action de notre vie quotidienne comme sacrée. Notre vie tout entière peut devenir un acte spirituel. Que ce soit en préparant un repas, en marchant dans la nature, en écoutant un proche, ou en accomplissant des tâches quotidiennes, chaque expérience peut être une occasion de se connecter à quelque chose de plumagis grand que soi. On peut recevoir des enseignements spirituels dans les actions les plus banales du quotidien. À ce sujet, je recommande le livre d’Olivier Clerc « Magicien du quotidien ».

La spiritualité vécue à un niveau mental

Il est possible d‘accumuler une multitude de connaissances et de concepts mentaux autour de la spiritualité sans pour autant les intégrer dans notre quotidien et nos relations. Je rencontre souvent des personnes qui, bien qu’elles aient suivi de nombreuses formations, lu d’innombrables livres et écouté des heures de vidéos, se heurtent encore à des obstacles dans leur vie. Elles peinent à incarner pleinement leurs connaissances intellectuelles et à les vivre de manière concrète.

Cette accumulation de savoirs peut rester au niveau mental sans être véritablement intégrée dans le corps et l’expérience vécue. Par exemple, quelqu’un peut connaître toutes les théories sur la gestion de la colère, comme l’importance de la respiration profonde et de la méditation pour apaiser l’esprit. Cependant, lorsqu’une situation de conflit survient, cette personne peut encore réagir de manière impulsive, criant ou se fermant à l’autre, démontrant ainsi que la théorie n’a pas encore été incarnée.

L’incarnation de la spiritualité nécessite une connexion profonde à soi-même, une présence attentive à chaque instant, et une pratique régulière qui va au-delà de la simple compréhension intellectuelle. Il s’agit de vivre ces concepts dans chaque interaction et de les intégrer dans notre manière d’être au monde.

La spiritualité comme une fuite

Les mondes subtils peuvent souvent servir de refuge pour ceux qui trouvent la réalité trop intense à supporter. Lorsque l’intensité émotionnelle d’un événement, ou même de plusieurs événements anodins, est trop forte pour être intégrée par le corps, une dissociation peut se produire, coupant la personne d’une partie de sa réalité. C’est comme si une partie de l’âme s’éloignait.

Cette dissociation peut prendre des années à être reconnue et comprise. Dans ce contexte, la spiritualité devient une forme de protection. De nombreuses personnes ne réalisent pas qu’elles utilisent certains concepts spirituels pour masquer leurs souffrances. La spiritualité peut ainsi devenir un refuge face à la densité de la matière, aux émotions lourdes et aux responsabilités matérielles, pour palier à ce qu’on appelle le “refus d’incarnation” et incitant à fuir dans d’autres réalités de conscience.

La spiritualité n’est pas un “outil”

Ces dernières décennies, la spiritualité est devenue une mode. Cependant, elle n’est selon moi ni un hobby, ni une tendance passagère, ni un business. La spiritualité n’est pas non plus une technique pour se sentir bien, pour être plus beau, plus performant ou plus riche.

La véritable spiritualité implique pour moi de relâcher toutes les certitudes et de s’ouvrir à l’espace du mystère, en revenant à l’expérience la plus brute et la plus directe de la vie. C’est une invitation à écouter la voix profonde en soi, à se connecter à une Vérité et une sagesse immenses.

Elle nous appelle à nous réveiller, à nous rappeler la grandeur et la beauté de la vie qui nous traverse. C’est un chemin intime et profond, souvent dénué de gloire, mais qui peut nous permettre de retrouver ce que nous cherchons depuis toujours.

C’est vraiment mon intention dans les retraites spirituelles depuis des années de ramener beaucoup de simplicité dans la spiritualité, en revenant dans le corps, dans le contact avec la Terre et la Nature.

Intégrer ses ombres pour accepter tous les aspects de notre vie incarnée

Dans le voyage spirituel, il est essentiel d’accepter tous les aspects de notre vie incarnée, y compris les ombres. Ces ombres se divisent en deux catégories : les ombres « noires », où résident nos blessures et les aspects de nous-mêmes dont nous avons honte, et les ombres « lumineuses », qui cachent nos trésors, nos forces et notre potentiel, souvent ignorés ou non reconnus par nous-mêmes.

Nous passons beaucoup de temps et d’efforts à dissimuler ces ombres, portant des masques pour cacher notre véritable visage. Cependant, rencontrer ce qui nous rend mal à l’aise, ce dont nous avons honte ou nous nous sentons coupables, nous libère. En acceptant nos comportements d’orgueil, de manipulation, ou d’excès de colère, nous cessons de nous juger comme des mauvaises personnes.

Ces comportements ne sont pas intrinsèquement mauvais, mais en réalité des stratégies de protection développées depuis notre plus jeune âge pour survivre. Tant que nous renions certaines parts de nous-mêmes, refusant de les rencontrer dans leur souffrance par peur d’être engloutis ou de leur laisser prendre toute la place, nous ne pouvons être pleinement présents, totalement incarnés.

L’intégration de nos parts d’ombre ne relève pas seulement de la volonté. Nos blessures sont généralement protégées par d’autres parts de nous-mêmes, qui font leur travail de manière efficace.

Ce processus d’intégration est pour moi une histoire d’amour, d’accueil et de sécurité intérieure. C’est cette alchimie intérieure qui nous permet de réconcilier notre histoire et nos parts d’ombre, et ainsi manifester véritablement notre nature profonde et divine dans le monde.

Les fondements de la spiritualité incarnée

Présence totale

La première pierre angulaire de la spiritualité incarnée est la présence. Être présent signifie être conscient de soi, de ses pensées, de ses émotions et de son environnement. La pratique régulière de la pleine conscience, par exemple, nous aide à cultiver cette présence et à vivre chaque moment avec une attention accrue.

Intégration du corps et de l’esprit

Reconnaître et honorer notre corps comme le véhicule de notre expérience spirituelle est crucial. Les pratiques telles que le yoga, la danse intuitive, et la méditation active nous permettent de ressentir et de célébrer notre corporalité, créant ainsi un pont entre le corps et l’esprit.

Alignement avec nos valeurs profondes

Vivre de manière authentique et alignée avec nos valeurs spirituelles est un aspect essentiel de la spiritualité incarnée. Cela implique d’écouter notre intuition, de suivre nos passions et de prendre des décisions qui reflètent notre véritable nature.

Vivre avec intention

Chaque action, aussi petite soit-elle, peut être empreinte de spiritualité si elle est accomplie avec intention. Qu’il s’agisse de préparer un repas, de converser avec un ami ou de travailler sur un projet, agir avec intention nous aide à infuser chaque aspect de notre vie avec une signification plus profonde.

Interconnexion avec le monde

La spiritualité incarnée nous rappelle que nous faisons partie d’un tout plus vaste. En cultivant des relations harmonieuses et respectueuses avec les autres et avec la nature, nous renforçons notre sentiment de connexion et notre compréhension de l’interdépendance de toutes choses.

Conclusion

La spiritualité incarnée est un chemin d’intégration et de présence, une invitation à vivre chaque instant de manière consciente et alignée avec notre essence profonde. C’est un voyage vers la reconnexion avec le divin en nous, dans notre vie quotidienne, et un appel à embrasser chaque moment comme une porte sacrée;

Pour ceux et celles qui souhaitent approfondir cette démarche, je propose un accompagnement en coaching individuel et des retraites spirituelles. Ces accompagnements sont conçus pour vous aider à vous reconnecter à votre essence et à vivre de manière plus authentique et alignée. Ensemble, nous explorerons des pratiques pour intégrer la présence et la conscience dans chaque aspect de votre vie, afin de retrouver la beauté et la profondeur du divin en vous.

C’est enfin le moment pour moi de partager le vécu de mon accouchement ! Je ne l’ai pas fait avant parce que j’ai eu besoin de temps pour l’intégrer.

Et aussi parce que cela a été une expérience radicalement différente de ce qui peut être véhiculé dans cette société où il y a tellement de complexité, de peurs, d’ignorance et d’agitation autour de la naissance, et même dans les milieux alternatifs.

Aujourd’hui, j’ai juste envie de témoigner que c’est possible d’enfanter dans la simplicité et dans la grâce, et que ça peux être facile !

Je crois que plus nous serons nombreux à apporter d’autres récits et plus la conscience collective peut s’ouvrir à d’autres possibles.

Les contractions ont commencé doucement au milieu de la nuit. J’étais réveillée, j’ai pris un bain et j’ai rangé toute la maison !

On a attendu que ma grande fille se réveille pour l’emmener à l’école et on a pris la route vers le gîte qu’on avait loué dans la vallée, pour se rapprocher de sages femmes qui ne pouvaient pas venir jusqu’à chez nous.

Une bonne partie du travail s’est donc fait dans la voiture. On avait plus d’une heure de route. Au début, je faisais des sons et des mouvements pendant les contractions, mais je n’y trouvais pas vraiment de confort.

Et à un moment, il y a eu un shift qui s’est fait en moi, je me suis redressée et assise en tailleur. Chaque contraction est devenue comme une immense douche de lumière.
Je n’avais plus besoin de faire de sons ou de bouger. La danse se faisait à l’intérieur et je sentais que ça s’ouvrait dans mon bassin.

J’étais complètement émerveillée de la beauté des paysages de ce printemps.
Je me sentais dans une si grande intimité avec la vie elle-même. J’étais bouleversée de sentir toute cette puissance. Je faisais corps avec elle.

Je comprenais intimement que cette puissance, c’était l’amour que la vie avait toujours eu pour moi et pour chacun des êtres humains.

J’en pleurais de joie. Je me sentais reliée à toutes les femmes du monde et dans un amour immense pour toute l’humanité.

Mon corps se laissait traverser par la puissance de la vie, et chaque contraction devenait une vague lumière de plus en plus grande. Je sentais tellement d’amour pour mon bébé.

Puis nous sommes arrivés au gîte au moment où la poche des eaux s’est percée.
Je ne me rendais pas compte que le travail était aussi avancé, parce que ça allait bien

Pourtant j’avais déjà accouché de ma première fille, et j’avais accompagné des couples pendant plusieurs années en tant que doula.

C’était intense, mais je ne me sentais pas dépassée, je ne peux pas dire que j’avais mal…

Joris à commencé à décharger les affaires. Je me disais encore qu’il allait gonfler mon ballon et remplir la piscine d’accouchement !

Mais c’est allé très vite, je me suis retrouvée à 4 pattes devant le lit, et ça poussait déjà ! Quelques contractions et j’ai senti sa tête. Je n’y croyais pas qu’elle était déjà là !

La tête est sortie, encore une contraction et elle a glissé dans les mains de Joris, tout simplement !

Les sages-femmes sont arrivées quinze minutes plus tard. Ça a été très rapide, mais je crois que je suis partie bien loin dans les étoiles pour y chercher ma fille, alors ça a été vraiment parfait d’avoir tout ce soutien à un niveau très pratique ensuite !

Nous avions fait tout un chemin sur d’autres plans plus subtils, alors le jour de la naissance d’Anaï, c’était grand ouvert et elle est arrivée sur un toboggan de lumière.
On est restés ensuite 12 jours dans ce  gîte.C’était une toute petite maison en matériaux naturels avec une énergie de chapelle, qui a été pour nous un immense cadeau.

Cela a été vraiment parfait et bon d’avoir tout ce temps dans ce cocon, dédié à notre famille et notre bébé. Je pleurais tous les jours de tant de beauté et d’amour.

Nos sages-femmes ont été fantastiques elles venaient nous voir tous les deux jours. J’ai tant de reconnaissance pour leur présence auprès de nous dans ces moments là.

Je souhaite que toutes les femmes ( et les hommes) du monde puissent retrouver ce lien à la puissance de vie en elle, quelque soit la manière.

Avec tout mon amour
Cécile